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En 2015, pour son premier projet à Toulouse, l’association Les Voix de Traverse a posé ses micros dans le quartier Belfort… Il en résulte une balade sonore construite à partir des témoignages et des regards de celles et ceux qui vivent ce quartier. Aujourd’hui elle constitue le témoignage vivant d’une époque pas encore tout à fait révolue.
Quartier emblématique de la prostitution, connu dans les années 1980 comme le cœur de la nuit toulousaine, le quartier Belfort continue à être soumis à une réputation négative. Son histoire remonte pourtant au milieu du XIXe, siècle et ne saurait être résumée à quelque a priori. Ses rues apparaissent et se structurent au milieu du XIXe siècle en même temps que la construction des voies ferrées, reprenant le tracé de chemins médiévaux.
C’est alors un quartier populaire, adossé jusque dans les années 1880 à une importante usine de gaz. Se peuplant progressivement de la fin du XIXe au début du XXe, il est dans les années 1950-1960 fortement marqué par l’histoire de l’immigration, notamment en provenance du Maghreb dans les années 1950-1960, dont les lieux de sociabilité, bars, cafés, sont encore présents dans les mémoires des habitants actuels.
Aujourd’hui, les quelques rues qui s’articulent autour de la place de Belfort sont l’objet d’importants enjeux urbains. À l’instar de nombreuses métropoles européennes, Toulouse voit son hyper-centre devenir chaque jour plus attractif, et le quartier de Belfort, trait d’union entre le centre historique et la gare Matabiau, n’est pas exempt de mutations.
Une ville et ses quartiers sont toujours en mouvement. De nouveaux habitants viennent continuellement enrichir les usages de l’espace urbain, des liens se créent quand d’autres se défont : chacun à notre manière, nous investissons nos espaces de vie. C’est pourquoi les images stéréotypées nécessairement réductrices ne sauraient représenter la diversité de nos quartiers. Quartier d’histoire et de mémoires, quartier d’avenir et en mouvement : Belfort est plus riche qu’on ne le pense, dès lors qu’on puisse en saisir la complexité.
Balade réalisée en 2015.
Photo : Angelos Detsis